Après une année d’interruption due au Covid, nous avons enfin retrouvé le traditionnel Festival du premier film francophone organisé par l’Association La Ciotat- Berceau du Cinéma. Depuis 1981, il se déroule dans le cadre du cinéma Eden-Théâtre, le plus vieux cinéma du monde, dont nous déjà avons parlé ici
Vaurien de Peter Dourountzis
DJH débarque en ville sans un sou, avec pour seul arme son charme. Il saisit chaque opportunité pour travailler, aimer, dormir. Et tuer.
C’est bien un thriller, mais aussi une description du monde des marginaux, des squats. Le casting est excellent. Pierre Deladonchamps, dans un rôle ambigu de vaurien, beau garçon avec des yeux bleus lumineux quand il est séducteur, charmeur mais ces mêmes yeux deviennent d’un bleu glacial lorsqu’il est sous l’emprise de ses pulsions. Comme dit le metteur en scène venu présenter son film, l’ambiance est dans l’ensemble misogyne ; il a quand même souligné qu’il n’a pas pris parti pour son personnage principal. L’intérêt du film se déplace du criminel vers le mode de vie des gens qu’il rencontre dans son errance.
Nous avons trouvé formidable que ce film renonce à la mise en scène des actes de violence, ils se déroulent pendant des ellipses temporelles qui font monter l’angoisse sans céder à la facilité du spectaculaire.
La troisième guerre de Giovanni Aloi
Léo vient juste de terminer ses classes à l’armée et pour sa première affectation, il écope d’une mission Sentinelle. Le voilà arpentant les rues de la capitale, sans rien à faire sinon rester à l’affût d’une éventuelle menace…
Réalisateur Italien, Giovanni Aloi a vécu à Paris et travaille en France, le pays, avec la Belgique, où le cinéma est le plus soutenu financièrement. L’idée est originale. Le scénario a été élaboré à partir de témoignage d’anciens militaires de l’opération Sentinelle. Nous avons tous vécu à côté de ces jeunes recrues surarmées dans les grandes villes, les gares, les aéroports. Leur déambulation dans les rues de Paris renvoie l’image d’une ville en état de guerre, d’une drôle de guerre. A l’instar du « Désert des Tartares » de Dino Buzzati, une des œuvres majeures de la littérature italienne moderne dont le cinéaste dit s’être inspiré, il s’agit plutôt de l’attente de la guerre. D’ailleurs la véritable scène de violence qui mettra fin au film ne sera pas celle attendue par ces militaires entraînés au combat … Nous n’en dirons pas plus concernant l’intrigue. Les acteurs principaux : Anthony Bajon, qui a obtenu le prix d’interprétation masculine au palmarès du festival, Karim Leklou, Leila Bekhti sont excellents ainsi que les rôles secondaires.
Le film sortira en salle en septembre. A voir.
Slalom de Charlène Favier
Lyz, 15 ans, vient d’intégrer une prestigieuse section ski-études du lycée de Bourg-Saint-Maurice. Fred, ex-champion et désormais entraîneur, décide de tout miser sur sa nouvelle recrue. Galvanisée par son soutien, Lyz s’investit à corps perdu, physiquement et émotionnellement. Elle enchaîne les succès mais bascule rapidement sous l’emprise absolue de Fred…
Sorti plusieurs fois en salle au rythme des déconfinements, ce premier film a déjà été découvert par de nombreux spectateurs. La réalisatrice l’avait en projet depuis 2014, bien avant #metoo. Le scénario n’a donc plus grand chose d’original même s’il s’agit d’une expérience personnelle. Restent le décor de montagnes enneigées (qui exerce toujours son charme sur nous) et la performance des acteurs. Les scènes de compétitions sportives, filmées avec peu de moyen, sont prenantes. Jérémie Renier, est toujours impeccable dans un rôle pourtant difficile. La jeune actrice Noée Abita, un peu trop boudeuse, s’en sort très bien. Elle a obtenu le prix d’interprétation féminine ex-aequo au palmarès du festival. Le film quant à lui a obtenu le prix du Jury.
Une vie démente d’Ann Sirot et Raphaël Balboni
Trentenaires, Alex et Noémie voudraient avoir un enfant. Leurs plans sont chamboulés quand Suzanne, l’élégante et charismatique mère d’Alex, perd peu à peu les pédales. Comportements farfelus et dépenses absurdes, Suzanne la maman devient Suzanne… l’enfant. Drôle d’école de la parentalité pour Alex et Noémie.
Comment faire une comédie sur un sujet grave et même effrayant ? C’est le pari gagné par les réalisateurs Ann Sirot et Raphaël Balboni, aidés par la formidable interprétation de Jo Deseure qui a obtenu le prix d’interprétation féminine ex-aequo ainsi que le prix du public au palmarès du festival. Le récit de la dégénérescence mentale de Suzanne s’inscrit dans des effets de style qui dynamise le récit ou le rende comme irréel : l´utilisation du plan sur plan (jump cut), le jeu sur la monochromie de certaines scènes ou encore la voix off de personnages dont l’apparition à l’écran n’apporteraient rien de plus à la poursuite de l’intrigue. Un sujet déjà plusieurs fois abordé mais ici traité avec une originalité qui l’éloigne totalement de l’ambiance de « The Father » ou « Amour », cela va sans dire !
Le film a obtenu le prix du Lumière d’Or, il sortira en septembre en Belgique et en novembre en France. A voir.
Un festival que nous retrouverons avec plaisir l’an prochain…
Tout ces films ont l’air bien<; <en ce moment, il me manque juste un peu de temps pour aller au cinéma.
Le problème de la saison.
On comprend ! Vous vous rattraperez après…
Merci pour vos différentes présentations. Tous ces films me plairaient, je pense, à l’exception de « La troisième guerre » qui ne me tente pas beaucoup… Je n’ai toujours pas repris le chemin des salles obscures, peut-être cet automne ou cet hiver si la situation sanitaire ne nous fait pas basculer vers un nouveau confinement. Pour l’heure, j’ai envie de profiter des beaux paysages mer que je vais bientôt avoir la chance d’admirer… Passez une bonne semaine toutes les deux.
Le cinéma Eden présente l’avantage de se trouver face à la mer. Ainsi nous avons les deux 😉
Merci pour ces critiques de film ! C’est une chance d’avoir ce beau festival à La Ciotat
Oui une chance et nous essayons d’en profiter chaque année.
Hello,
Nous avons repris les sorties mais pas encore le cinéma par faute de temps !
Il y a tellement à faire sur Paris qu’on est obligé de sélectionner.
Je me laisserai bien tenter par Vaurien s’il passe dans mon cinéma de quartier..
Très belle journée
Si jamais vous voyez ce film, donnez-nous votre avis !
Passez un bon weekend
ah ben, on ne peut pas dire que ce soient des films très joyeux ^^
Le dernier, malgré son sujet, est une comédie. Les films de festival sont souvent sinistres. Attendons de voir ce que donne le palmarès de Cannes.
Bonsoir les Matching,
C’est vraiment une très bonne chose de pouvoir retourner voir des films.. Et c’est chouette de pouvoir profiter de festivals!
A Nîmes, il y a en ce moment le festival « Une salle sous les étoiles ». J’ai pu voir Loin des hommes! C’est en plein air, c’est génial!
La seule chose pour celui de la Ciotat, c’est que je trouve la programmation pas des plus légères..
Très bonne soirée à vous!
Peut-être la programmation reflète-t-elle l’ambiance actuelle ? Heureusement c’est l’été et cela fait du bien moralement.
Profitons-en