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[Cinéma] L’oeuvre sans auteur

À Dresde en 1937, le tout jeune Kurt Barnet visite, grâce à sa tante Elisabeth, l’exposition sur « l’art dégénéré » organisée par le régime nazi. Il découvre alors sa vocation de peintre.
Dix ans plus tard en RDA, étudiant aux Beaux-arts, Kurt peine à s’adapter aux diktats du « réalisme socialiste ». Tandis qu’il cherche sa voie et tente d’affirmer son style, il tombe amoureux d’Ellie. Mais Kurt ignore que le père de celle-ci, le professeur Seeband, médecin influent, est lié à lui par un terrible passé.
Epris d’amour et de liberté, ils décident de passer à l’Ouest…

Ce film-fleuve allemand de Florian Henckel Von Donnersmarck est diffusé en deux parties d’environ 1h30 chacune. Ce découpage en deux séances nous a paru inutile car les 3 heures passent sans que l’on s’en aperçoive, à aucun moment nous nous sommes ennuyées, les scènes d’action rythment le film.

L’histoire de la vie du peintre se divise en trois séquences : l’enfance, les jeunes années et l’âge adulte. De l’époque d’avant guerre jusqu’aux années 60. Du nazisme au communisme, l’Allemagne face à son passé, encore une fois…mais d’une manière originale. L’histoire d’une vie, la grande Histoire et l’histoire de mouvements artistiques s’entrecroisent.

Au début le petit garçon va découvrir l’Art grâce à sa jeune et belle tante dont la sensibilité va être anéantie par le régime nazi, tout comme l’art « dégénéré » qu’elle admire tant. C’est elle qui lui dit de ne jamais détourner son regard. Cette phrase va influencer sa peinture plus tard, elle va l’aider à évacuer le traumatisme de son enfance. Il trouvera enfin son style après être passé à l’Ouest.

Le film est inspiré de la vie du peintre Gerhard Richter, l’un des artistes les plus connus d’Allemagne, qui a exprimé son désaccord avec ce « biopic ». Pourtant, le metteur en scène souligne avoir eu quelques entretiens fructueux avec l’artiste. Beaucoup de faits sont vrais, comme l’histoire de la tante ou le passé du beau-père.

Le film est construit comme une fresque. Certaines scènes sont des tableaux comme le bombardement de Dresde vu de loin. On peut reprocher « l’esthétisation » de l’horreur, des clichés. Des images trop appuyées comme la larme de la tante sur la chaussure du gynécologue nazi qu’il essuie avec un mouchoir aussitôt jeté à la poubelle. Certaines trop explicites et poussées à l’extrême : les soldats qui tombent, la chambre à gaz… Mais c’est un parti pris peut-être courageux aussi ?

Le cinéaste essaie de reconstituer le processus de création artistique. Le jeune peintre prend conscience qu’il doit se fier à son instinct, il voit des choses que son intellect ne comprend pas. Ses tableaux sont plus « intelligents » que lui. Ils sortent de l’inconscient, ils sont donc sans auteur !

La musique de Max Richter est en parfaite harmonie.

Le casting est très réussi, la ressemblance entre les deux Elizabeth, la tante et la femme, la ressemblance entre le petit garçon et l’adulte – et il faudrait citer tous les acteurs.

Bien sûr, après le magnifique film « La vie des autres » les attentes étaient grandes et le film n’a pas échappé aux critiques, surtout venant d’Outre -Rhin, où on reproche au réalisateur une certaine facilité. Mais nous avons aimé et passé un très bon moment de cinéma.

On aimerait connaitre la suite, on propose l’idée d’une troisième partie !

30 Comment

  1. Hello
    Je comprends mieux le titre en ayant lu votre article.
    C’est une époque délicate et on imagine combien vivre en RDA devait être compliqué et peut être encore un peu plus lorsqu’on a l’âme d’un artiste dont les oeuvres peuvent déplaire au régime…
    Je me le note !
    Belle journée

    1. Le style du « réalisme socialiste » était de rigueur ; finalement une continuité du style sous le régime Nazi!
      Si vous voulez le voir, allez-y vite, il n’est presque plus dans les salles.
      Bonne journée

    1. Nous n’avons pas trop de réserves, mais vous aurez du mal à le trouver encore en salle, à part les cinémas Art Essais !
      Il reste aussi la télé cet hiver peut-être
      Passez une belle soirée

  2. Bonjour à toutes deux, je suis de retour depuis hier soir ! Et pour répondre à votre question du dernier post, mes vacances se sont bien passées merci… Mon esprit n’est pas encore totalement revenu et se trouve, de fait, encore bien loin des salles obscures, mais votre avis donne envie de voir ce film. Bonne soirée et merci pour le partage.

  3. Ce film, malgré de très bonnes critiques, notamment dans la blogo, ne m’inspire pas. Peut être aussi car il faut lui consacrer deux séances, ce qui m’agace un peu. N’est ce pas commercial ?

    1. Commercial ? Peut-être, mais nous ne le pensons pas. Peut-être un film allemand de trois heures risque d’effrayer le public…Nous l’avons vu en deux séances qui se suivaient. Le prix était un forfait, mais c’était dans un petit cinéma ambiance art essai.
      Et il vaut mieux les voir ensemble pour rester dans l’ambiance.
      Comme nous l’avons dit, nous ne comprenons pas non plus ce découpage !
      Bonne semaine !

  4. Bonjour Matchingpoints, c’est vrai qu’une troisième partie pourrait être pertinente avec l’auteur et son oeuvre. Un très beau film qui m’a touchée par moment. Bonne journée.

  5. Attendez la diffusion à la télé, vous l’enregistrez et le regarderez en deux fois si la longueur vous effraie.

  6. Quand j’ai entendu parler de ce film il m’a tout de suite tenté mais c’est vrai qu’on ne le trouve pas dans beaucoup de salle de cinéma, il faudra donc attendre encore un peu.
    Merci pour ce retour.
    Bonne journée

    1. Vous pouvez peut-être dans des salles genre « Art Essai » – bonne chance et donnez-nous votre avis !
      A bientôt

  7. Je note. Je veux absolument voir ce film d’autant que j’ai de grands souvenirs de Vienne et des visites de musées. Merci à vous.

    1. A voir, même si le film ne se passe pas à Vienne, mais à Dresde la plupart du temps !
      Bonne fin de soirée

  8. Je l’ai vu et j’ai vraiment beaucoup aimé. Je n’étais pas sûre de voir les deux séances à la suite, mais une fois la première partie terminée, je me suis précipitée à la recherche de la salle qui passait la seconde (je vais dans un ugc à Paris et les deux parties passaient dans deux salles différentes…).
    C’est vraiment un film très intéressant et bien joué. On reconnait Josef Beuys et la genèse du travail artistique et des oeuvres de Richter est passionnante. Et le toujours beau Sebastian Koch (le beau-père) dans un personnage antipathique et opportuniste est étonnant.
    A voir en video.

    1. Sebastian Koch a tant de charme et le mérite de jouer le rôle d’un « méchant » – nous aimons beaucoup cet acteur !
      C’est avec plaisir que nous regardons ce film à la télé
      PS C’est avec plaisir aussi que nous vous retrouvons…

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