
Il y a quelques années qu’en visitant, ou, pour mieux dire, en furetant Notre-Dame, l’auteur de ce livre trouva, dans un recoin obscur de l’une des tours, ce mot gravé à la main sur le mur :
‘AN’AI’KH (Fatalité)
Ces majuscules grecques, noires de vétusté et assez profondément entaillées dans la pierre, je ne sais quels signes propres à la calligraphie gothique empreints dans leurs formes et dans leurs attitudes, comme pour révéler que c’était une main du moyen âge qui les avait écrites là, surtout le sens lugubre et fatal qu’elles renferment, frappèrent vivement l’auteur.
Il se demanda, il chercha à deviner quelle pouvait être l’âme en peine qui n’avait pas voulu quitter ce monde sans laisser ce stigmate de crime ou de malheur au front de la vielle église.
Depuis, on a badigeonné ou gratté (je ne sais plus lequel) le mur, et l’inscription a disparu. Car c’est ainsi qu’on agit depuis tantôt deux cents ans avec les merveilleuses églises du moyen âge. Les mutilations leur viennent de toutes parts, du dedans comme du dehors. Le prêtre les badigeonne, l’architecte les gratte ; puis le peuple survient, qui les démolit.
Ainsi, hormis le fragile souvenir que lui consacre ici l’auteur de ce livre, il ne reste plus rien aujourd’hui du mot mystérieux gravé dans la sombre tour de Notre-Dame, rien de la destinée inconnue qu’il résumait mélancoliquement. L’homme qui a écrit ce mot sur ce mur s’est effacé, il y a plusieurs siècles, du milieu des générations, le mot s’est à son tour effacé du mur de l’église, l’église elle-même s’effacera bientôt peut-être de la terre.
C’est sur ce mot qu’on a fait ce livre.
Victor Hugo, Préface de Notre-Dame de Paris (Février 1831)
Effacer les dégradations et inscriptions je peux comprendre. Mais comme tu sais, j’ai trouvé l’analyse d’une philosophe de laisser les cicatrices « naturelles », comme les rides sur un visage, au bâtiment, vraiment séduisante.
Nettoyer, consolider, sécuriser… Oui. Mais ne pas reconstruire à l’identique ou modifier. Ce ne sera de toute façon pas cette idée qui sera retenue c’est évident. Je ne pense pas que les pouvoirs publics aient des préoccupations philosophiques..
Pourtant désormais ni une nouvelle charpente, ni une nouvelle flèche ne dateront du XXIIème siècle.
Reconstruire à l’identique est l’option la plus souvent choisie pour des bâtiments anciens comme la Fenice à Venise. On parle déjà d’aménagements avec la modernité pour Notre-Dame comme par exemple une charpente métallique.
Je ne sais pas si l’on peut voir une fatalité dans tous faits et gestes… Comme beaucoup de parisiens et de français, j’ai été profondément meurtrie par les tragiques images de Notre-Dame en feu. Hier je me suis sentie en deuil toute la journée, comme si j’avais perdu un proche… quelqu’un à qui ne n’ai jamais su dire « je t’aime ». Aujourd’hui encore, je croise les doigts pour que cette grande Dame reste debout envers et contre tout.
On regrette maintenant de ne pas y être allés plus souvent. La voir des quais,inchangée malgré le temps qui passe, suffisait.
Cette église renaîtra de ces cendres. Par contre je ne sais pas de quelle façon. J’espère que le résultat plaira au plus grand nombre.
Ce fût un triste événement.
Un triste événement et un symbole pour beaucoup.
J’ai été très choquée par ce qui est arrivée et aussi par la facilité avec laquelle certains mettent la main à la poche quand, dans d’autres circonstances parfois beaucoup plus dramatiques, ils ne bougent pas…
L’après-incendie n’a pas fini de susciter des polémiques !
Hello
Et dire que je suis encore passée devant samedi soir ! Elle fait partie des architectures ce que je peux voir très régulièrement et pourtant, je lui consacre toujours un regard, le même que lorsque je passe devant la tour Eiffel ou le Sacré-coeur. Il y a des mouvements qui sont très puissantes.
Je ne sais pas comment elle va être rebâtie, à l’identique ou pas mais un chose est sûr, je prendrai plus le temps d’aller la visiter car finalement rien n’est éternel.
bon week-end
C’est pareil pour nous, un regard et la certitude qu’à chaque visite on la reverrait inchangée. Bon week-end à vous aussi.
J’ai eu le coeur brisé devant l’évènement, mais je me ne cesse de me dire, un peu naïvement peut-être et en essayant de rester à l’écart des discussions et polémiques : elle est toujours debout ! magnifique symbole…
Bon week-end à vous !
Après une émotion qui semble, au départ, être partagée s’élèvent des voix discordantes. On a déjà vu ça dans d’autres circonstances dramatiques. Est-ce particulier à la France ?
Quel sacrilège !
Je ne sais combien d’années prendra sa reconstruction ni si elle sera à l’identique mais je sais que nous ne sommes pas sûrs de le voir .
Et dire que je n’y suis jamais entrée que dans les livres ou les films .
Je le regrette !
Merci à Victor Hugo de l’avoir si bien honorée.
Bel après midi venté !
Il va falloir être patient avant que des décisions soient prises. Et pour quel type de reconstruction ?…. Bon après-midi sous un soleil voilé !
Je vous lis avec du retard. Depuis ce malheur les réactions de tous bords salissent tellement le sentiment de peine que je voudrais revenir en arrière, même finalement au moment de la destruction qui fut un moment terrible mais précieux de sidération et de rassemblement. Et puis aujourd’hui le Sri Lanka se charge de dramatiquement tout relativiser… que j’étais bien sur mon île ! Bonne soirée à vous !
On vous comprend, coupée de tout, loin de tout…Malheureusement, après le rassemblement place à la polémique. Et maintenant Sri Lanka nous met face à une réalité horrible, cela peut arriver n’importe où et n’importe quand.
Bonne journée, malgré tout
J’ai été stupéfaite devant ce terrible spectacle … cela donne une sacrée leçon d’humilité car cela nous a ramené à notre condition humaine et contre les éléments naturels nous somme bien peu de chose.
Cela force aussi à réfléchir sur la capacité de notre époque à tout détruire … mais j’ai aussi positivé en constatant notre force de « communion » autour d’un tel événement.
PS : J’ai lu cette préface avec beaucoup d’intérêt … on passe souvent à côté !
D’autres passages du roman de Hugo ont été abondamment cités. Même si l’occasion du livre a été inventée par l’auteur, nous trouvons cette préface tout aussi prémonitoire. Et avouons qu’elle reste attachée à de vieux souvenirs de Fac de Lettres 😉
C’est difficile toutes ses polémiques sur les dons. Cela s’appelle du mécénat d’art et cela a toujours existé. Tout particulièrement en matière d’église
Personnellement je ne comprends les amalgames entre les immeubles mal entretenus par des bailleurs voleurs, les catastrophes naturelles et une oeuvre d’art
Nous devrions être heureux et pourtant il faut que nous critiquions négativement,…
Belle journée mesdames
C’est l’éternel problème du financement de l’art lorsque l’art est jugé inutile. Le mécénat d’entreprise passe mal en France. François Pinault avait créé sa fondation à Venise faute d’avoir pu l’installer sur l’île Seguin à Paris. Bonne journée à vous aussi.
Ah vous vous êtes replongés dans ce livre. Introuvable en rupture de stock à Paris . J’ai relu le début des misérables du coup.
Bel extrait. A suivre ….
Notre-Dame de Paris de Hugo est un gros pavé. Nous serions curieuses de savoir combien l’ont lu jusqu’au bout parmi ceux qui l’ont acheté sous le coup de l’émotion 😉