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[Cinéma] Elle / Julieta – Portraits de femmes

Malgré le soleil qui illumine le Midi nous avons passé deux soirées dans les salles obscures sur les traces de la sélection cannoise. Deux films dont les protagonistes sont des femmes, quelques thèmes qui se croisent, notamment les relations parents/enfants mais ce sont néanmoins deux moments de cinéma complètement différents.

Michèle fait partie de ces femmes que rien ne semble atteindre. À la tête d’une grande entreprise de jeux vidéo, elle gère ses affaires comme sa vie sentimentale : d’une main de fer. Sa vie bascule lorsqu’elle est agressée chez elle par un mystérieux inconnu. Inébranlable, Michèle se met à le traquer en retour. Un jeu étrange s’installe alors entre eux. Un jeu qui, à tout instant, peut dégénérer.

Le film de Paul Verhoeven met en scène des personnages torturés sortis de l’imagination de Philippe Djian dans son roman « Oh ». Le sentiment de malaise se focalise sur Isabelle Huppert qui incarne une fois de plus une femme perturbée au lourd passé d’enfant traumatisée. On y trouve certains rappels du personnage de « La Pianiste » de Haneke mais le sadomasochisme y est plus allusif. Elle incarne une femme qui n’est plus une victime, mais plus forte intellectuellement, qui s’impose et mène la danse. Grande actrice au goût prononcé pour les personnalités pathologiques ou à la limite névrosées, ses mimiques commencent à nous lasser (c’est un avis personnel).

Tous les personnages du film présentent des problèmes psychologiques ou existentiels. A chacun sa névrose ! Il y a quelques scènes vraiment drôles (dont l’accouchement d’un bébé pour le moins inattendu), mais cynisme, humour noir et violence alternent pour rendre l’ambiance glauque et les rapports ambigus. Point de cas sociaux à la Ken Loach dans cet environnement de gens aisés, les décors et les vêtements sont classe et de bon goût et font encore mieux ressortir le mal-être de chacun auquel s’ajoute le conflit entre générations, entre vieux losers et  jeunes au bord de la crise de nerfs.

Un film à voir pour sa construction, l’ensemble des acteurs et les images malgré ses excès et l’esprit limite malsain.

 

Julieta s’apprête à quitter Madrid définitivement lorsqu’une rencontre fortuite avec Bea, l’amie d’enfance de sa fille Antía la pousse à changer ses projets. Bea lui apprend qu’elle a croisé Antía une semaine plus tôt. Julieta se met alors à nourrir l’espoir de retrouvailles avec sa fille qu’elle n’a pas vu depuis des années. Elle décide de lui écrire tout ce qu’elle a gardé secret depuis toujours.

Almodovar, surnommé souvent l’homme qui aimait les femmes parle encore une fois de femmes, dans une adaptation de  trois  nouvelles  de la Canadienne Alice Munro, Prix Nobel de littérature.  Nous  avons découvert deux belles actrices espagnoles, Emma Suarez et Adriana Ugarte, deux Julieta à des âges  différents. Les couleurs (l’omniprésence du rouge) et l’esthétisme de certains plans traités comme des tableaux sont splendides. C’est un Almodovar classique, Pedro s’est assagi !  Le récit se déroule entre le présent et de nombreux flashback qui respectent la chronologie. Plus d’excentricité, plus de fantaisie colorée et kitsch, plus de folies dans le choix des personnages, mais un réalisme et une tristesse diffuse. Il n’y a que l’actrice Rossy de Palma pour faire un lien avec ses films précédents. Les non-dits et la culpabilité, vraie ou imaginaire forment le fil conducteur, comme dans une tragédie grecque. L’héroïne est justement professeur de lettres classiques. On retrouve les relations mère-fille conflictuelles, même désastreuses, comme dans d’autres films du même réalisateur. Mais ce n’est pas un film noir, il y a du sentiment, du vrai, il y a de l’espoir.

Un très bon Almodovar !

 

36 Comment

    1. D’autres films présentés à Cannes ne sortiront ici qu’à l’automne. A voir aussi… Bon weekend.

  1. Pour « ELLE » je n’ai pas vu les 2 heures passer,essayant de suivre et comprendre les « névroses  » de chacun,il ne faut pas oublier que ce film est inspiré du livre de Djian;
    Pour Julieta je confirme « sentiment et espoir » j’ai vraiment bien aimé.
    Almodovar un grand réalisateur qui encore une fois ne m’a pas déçue!
    Bon dimanche à toutes les 2.

    1. On retrouve des éléments de son univers mais pas ceux déjantés. C’est un beau film.

  2. Oh merci pour ces critiques. Vous m’avez conforté dans l’idée d’aller voir juliette. En plus munro était au programme d’agrégation d’anglais cette année.
    Gros bisous et belle semaine

    1. Vous pourrez alors apprécier l’adaptation de l’œuvre littéraire au cinéma. Comment Pedro se l’est appropriée ? Nous attendons avec impatience une analyse 🙂

  3. Complètement d’accord avec vous sur les deux films. Almodovar a un regard plus tendre dans son portrait que Verhoeven (ahah).
    Profitez bien du soleil, nous en manquons cruellement à Paris 🙁

    1. Rassurez-vous, nous en profitons, le soleil était très long à s’installer même chez nous…
      C’est vrai, Almodovar aime et comprend les femmes. Bonne soirée

    1. Si si, assagi ! Mais toujours aussi compréhensif envers les femmes. Donnez-nous votre verdict après la séance…

  4. Je vais aller voir l’Almodovar, l’autre le sujet ne me tente vraiment pas !
    Pourtant j’adore Djian
    J’avoue que l’actrice ne me plait guère non plus 😉
    Bravo pour ce billet
    Bonne soirée mesdames

    1. Si vous n’êtes tentée ni par le sujet ni par l’actrice, passez votre tour 😉 Bonne journée

  5. Nous sommes allés voir « Julieta  » samedi dernier, j’ai adoré, comme tous les films d’Amodovar d’ailleurs .
    Toujours des personnages torturés, mais tellement bien réalisé, et bien joué .ce film que l’on passe un très bon moment .
    Bonne soirée et amitiés les filles !

    1. Même dans ce film plus classique d’Almodovar on admire encore et toujours la réalisation. Bonne journée et amitiés

  6. Bonjour Matchingpoints, je confirme, deux très bons films à voir. Dommage que l’un et l’autre soient repartis bredouilles de Cannes. Huppert aurait mérité un prix. Bonne journée.

    1. Nous sommes plus réservées sur Huppert. L’impression qu’elle fait toujours le même numéro du sourire qui n’en est pas un ! Le palmarès de Cannes correspond rarement à nos goûts personnels.

  7. j’ai vu les deux films avant Cannes, Almodovar que j’aime beaucoup j’ai vu tous ses films, il traite les femmes avec amour cela fait plaisir, et son dernier j’ai adoré, quand à ELLE j’ai suivi avec un regard bizarre Huppert qui joue toujours de la même façon en décalé et je n’en garde pas un souvenir …………..
    on a l’impression qu’elle est absente dans la plupart de ses films, bizarre comme c’est bizarre

    1. Vous rejoignez nos avis 🙂 C’est vrai, Isabelle Huppert est une bonne actrice, mais le terme « absente » la qualifie parfaitement ! A bientôt

  8. Comme vous le savez, j’ai adoré Julieta. ces deux comédiennes tellement extraordinaires.
    Et, justement, après elles, comment juger Isabelle Huppert. Grande, grande comédienne mais qui, je trouve transpire une certaine antipathie. J’avoue également que le sujet de Elle ne m’enthousiasme pas plus que cela.

    1. Oui, ça doit être ça, elle ne parait pas sympathique…Encore une fois, nos avis se rejoignent ! Bonne fin de dimanche

  9. Deux films qui me tentent énormément ! Surtout le deuxième, étant une grande adepte du cinéma d’Almodovar ! J’ai hâte de les découvrir à mon tour !

  10. Deux films que j’ai envie de voir. Après quelques jours de vacances, j’ai l’impression que le rouleau compresseur qui m’opressait avant est déjà de retour … il faut vraiment que je me pose et le cinéma m’offre ça. Question de priorités, à inclure dans mon agenda dès la semaine prochaine !!
    Conclusion : j’espère pouvoir parler cinéma dès la semaine prochaine !

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