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Culture Mood

[Mood] Comme entre deux chaises…

Nous, les Matchingpoints, avons la chance de parler et comprendre plusieurs langues : pour l’une c’est l’italien et l’anglais, pour l’autre c’est l’anglais aussi, mais surtout l’allemand, parce que comme vous le savez, je suis d’origine allemande et parachutée en France, par amour…

Lors de mes retours au pays, en retrouvant famille et amis, je retrouve mes repères de jeunesse, mais aussi mes repères de langue ! Bien que l’allemand ait beaucoup évolué et changé depuis mon départ en intégrant notamment de nombreux anglicismes, j’arrive toujours et encore à bien m’exprimer. Vous allez me dire, que c’est normal puisque c’est ma langue maternelle. D’accord. Mais je ressens comme une autre manière de m’exprimer, d’autres nuances, tout simplement autrement par rapport à ma  langue quotidienne, qui est le français. On le sait, parler une autre langue ce n’est pas seulement  connaitre le vocabulaire, ce qui au fond reste superficiel, mais percer le sens d’un mot, pénétrer dans un ensemble culturel. Le même mot n’a pas la même connotation, le même contexte. J’arriverais plus facilement à dire des grossièretés en français, en allemand par contre il doit rester un fond de mon éducation qui  fait un barrage aux « gros mots », inconsciemment bien sûr… Donc, je ne m’exprime pas de la même façon ; j’ai même parfois l’impression d’être quelqu’un d’autre par ma manière de parler, plus affirmée ou au contraire, plutôt réservée. Mais alors, si le langage fait partie de mes caractéristiques,  je ne serais  pas la même personne, j’aurais donc deux personnalités, selon le pays ?

Je m’adapte sans problème, je saute d’une langue à l’autre et choisis mes mots en fonction. Lorsque je me retrouve entre compatriotes en France il nous arrive parfois de prendre un mot français en le germanisant. Par paresse, peut-être, mais surtout que dans ce contexte, me trouvant en France, le mot parait plus adapté et plus significatif. Ainsi j’intègre le mot « apéro dinatoire »  dans une phrase allemande car l’expression n’existe pas vraiment en allemand et on se comprend.

C’est très amusant de jongler avec les langues et adapter un mot à sa façon, d’inventer et faire des néologismes.  De la même façon lorsqu’on parle entre bilingues on peut franciser un mot de l’autre langue parce qu’il a plus de saveur que le mot français et puis aussi le franciser rajoute une touche d’humour et de complicité. Quand on est fatiguée on mélange encore plus les mots des 2 langues dans la même phrase. Car les langues se font écran, souvent on ne trouve plus le mot dans la langue dans laquelle on a commencé une phrase, c’est le mot d’une autre langue qui vient spontanément à l’esprit. Ou quelques fois c’est l’écran noir. On perçoit le concept mais on n’a plus aucun mot dans aucune langue. Pas besoin de se demander ce qui précède, du signifiant ou du signifié ! Mais ça c’est quand nous sommes vraiment fatiguées !

C’est un plaisir d’apprécier la saveur d’un mot, le sens plus précis, le mot plus coloré dans une langue que dans l’autre. Nous avons intitulé une de nos catégories « mood », mot anglais que tout le monde connaît maintenant. Comment définir cet état qu’exprime « mood » mieux que par… « mood » ? En allemand, il y a des mots impossibles à traduire, ils expriment un état d’esprit typique, comme le mot « Heimat », la ville, le pays natal, les racines. Il se dégage un attachement, quelque chose de chaleureux, de même que « Gemütlichkeit », ce moment de bien-être, qui peut se situer autour d’une table, une convivialité qui n’est pas guindée mais chaleureuse. Cela vient peut-être du romantisme allemand ? En italien le verbe « racimolare »  veut dire « rassembler à grand peine et minutieusement », faisant allusion aux brindilles qu’on recueillait une fois la vendange terminée, il s’applique au propre et au figuré… Comme ici où nous avons rassemblé à grand peine toutes nos idées concernant notre ressenti (mood?) de bilingues.

Partagez-vous nos impressions lorsque vous parlez dans une autre langue ?

29 Comment

  1. C’est tellement vrai. Quand on parle plusieurs langues, on se rend compte à quel point chaque mot est singulier. Il y a des mots en anglais qui ne se traduisent pas bien en français, idem pour le grec qui a ses propres particularités. Il y a tout ce ressenti, cette histoire et cette culture derrière chaque mot. Je pense au mot « Kaimos » en grec qui signifie un type particulier de chagrin, impossible à traduire. C’est ce qui fait toute la beauté d’une langue : ces fenêtres sur une culture que sont les mots.

    1. « C’est ce qui fait toute la beauté d’une langue : ces fenêtres sur une culture que sont les mots » – Votre phrase complète bien ce que nous voulions dire !

    1. Merci, c’est gentil ! Sans être bilingue, on peut apprécier des mots typiques qui n’ont pas d’équivalence en français…peut-être vous en connaissez ?

  2. Quelle chance d’avoir cette faculté et cette aisance …
    A l’heure actuelle je trouve ça indispensable et je suis frustrée d’être un peu à la traîne
    Bonne soirée à vous

  3. J’ai toujours rêvé parler italien (j’ai des origines italiennes) pour justement comprendre toutes les nuances de cette belle langue… Bon, je parle pas mal avec les mains, ça compte?

  4. Je suis restée au stade d’un anglais et d’un espagnol très scolaires. Je suis donc épatée de vous voir ainsi analyser chacune de ces langues qui parlent. Bonne journée

    1. C’est passionnant de comparer et d’essayer de trouver le mot équivalent, mais combien de fois nous ne le trouvons pas…! Bonne fin d’après-midi

    1. Et pourtant, il n’est jamais trop tard – il vous faudrait peut-être une motivation sentimentale, comme la mienne par exemple 🙂 A bientôt

    1. Lorsqu’on est jeune, on est prêt à tout… 🙂 l’aventure m’aura permis d’apprendre la belle langue français, c’est une chance
      Bonne fin de soirée

  5. Je suis béate d’admiration devant votre maîtrise de la langue française, vous l’écrivez de si belle manière. Je parle anglais couramment et je ne suis pas la même, littéralement lorsque je m’exprime dans cette langue. Même ma voix est différente, légèrement plus grave en anglais. Curieux comme on s’adapte à une langue, à ses idiomes, comme si on se fondait dans le paysage. Ce doit être fabuleux d’être bilingue et de jongler d’un pays à un autre avec autant de facilité.

    1. Vous seriez donc la première à être admiratrice de mes connaissances de la langue française, vous êtes bien indulgente par rapport à mes nombreuses fautes…
      Vous partagez donc cette impression , et il y a du vrai lorsque vous dites « comme si on se fondait dans le paysage »! Dans le fond, on s’abandonne un peu…

  6. J’adore parler anglais et je crois me débrouiller pas trop mal alors du coup, je suis super à l’aise. Par contre, je fais un vrai blocage avec l’espagnol, Espagne pourtant si proche … j’aurais adoré être au moins bilingue comme vous !!

    1. Si vous êtes à l’aise en anglais, vous pouvez vous perfectionner en regardant les films en VO. Au début, c’est une technique à prendre, après on s’habitue et on arrive à saisir certaines phrases, certaines expressions. Nous avons appris pas mal de tournures de phrase de cette manière. Bon weekend

  7. Bonsoir je découvre votre blog au travers de vos commentaires sur les autres blogs mais je n’arrivais pas à atterrir dessus , il devait y avoir une panne .
    La seule langue étrangère dans laquelle je me débrouille pas trop mal, c’est l’italien car j’ai des origines du côté maternel .
    Et quand je vais en Italie , j’adore essayer de me faire comprendre, car j’ai perdu pas mal de vocabulaire scolaire, mais je trouve que ça revient assez vite !
    On a tendance à s’attacher beaucoup à ses origines et encore plus en vieillissant je pense .
    Par contre l’allemand, je ne l’ai pas étudié et hélas je ne comprends pas un seul mot!
    Bonne soirée !

    1. Vous avez la chance de parler cette belle langue – c’est vrai, on redécouvre ses racines en vieillissant.
      Soyez la bienvenue sur notre blog – bon weekend

  8. Personnellement, j’aime bien le mot allemand « Zweisamkeit » qui, hélas, n’est pas toujours aisé à traduire en français. Je regrette sincèrement qu’il n’existe pas de substantif avec un sens équivalent dans la langue de Molière.

    1. Voilà un très bel exemple – en effet, comment rendre ce mot en français, tout en gardant son sens…? Les dictionnaires nous proposent « Tête-à-tête », mais ce n’est pas ça, il manque l’idée d’une « unité à deux », alors …

  9. je comprends la difficulté que vous ressentez désormais : lorsque j’avais 17 ans, j’ai passé un mois entier à Londres, pendant lequel je n’ai parlé qu’anglais. A la fin du mois, je pensais même en anglais et j’avais beaucoup de mal à retrouver ma langue maternelle! Malheureusement, j’ai beaucoup perdu depuis….

    1. On pense mais aussi on rêve dans une autre langue 🙂 mais il paraît qu’on ne compte bien que dans sa langue maternelle !

  10. Je connais l’allemand et l’anglais, le latin, l’espagnol (assez bien sans plus) et j’apprends le russe.
    Ce qui me frappe aujourd’hui, plus jeune je ne le percevais pas, c’est à quel point on change d’univers en changeant de langue. Le latin classique par exemple est une langue assez sèche et très ramassée sur elle-même. On peut se passer de beaucoup de mots, comme, d’une certaine manière en russe, L’allemand est une langue qui permet toutes les compositions de mots et qui aime bien tout dire. L’espagnol est une langue que j’ai beaucoup aimé apprendre, très proche du latin, mélodieuse (pas autant que l’italien!).
    Pourquoi j’apprends le russe? Pour le travail, mais surtout parce qu’à l’oreille c’est si beau!

    1. Nous n’avions pas pensé à faire une comparaison avec le latin qui reste pour nous la langue des versions latines qui représentaient plus un puzzle intellectuel qu’un ressenti, de là peut être la sécheresse dont vous parlez. Et pourtant il suffit d’aller à Rome pour trouver une épaisseur humaine à cette époque lointaine. O tempora o mores !

  11. Bonne analyse du bilinguisme.
    Je parle a mes parents uniquement en dialecte alsacien, leurs parler en Français serai « comme parler à des étrangers ». Les mots me viennent naturellement alors qu’en Français je n’arrive pas a trouver les mots tendres et rassurants alors que pour mon mari les mots d’amour sont uniquement en français même s’il comprend un peu le dialecte.
    Pour moi je pense dans une langue avant de parler, et ma façon de penser changer avec la langue. Je suis plus humoristique en Français et nostalgique en Alsacien et surtout plus pragmatique en allemand( j(je roupille mon chien en allemand)

    1. Entre deux chaises, nous le resterons toujours ! Manchmal auf deutsch, manchmal auf französisch, oft bin ich mir gar nicht bewusst, welche Sprache ich benutze. Vielleicht geht es Ihnen genauso ?
      Bonne fin d’après-midi

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