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[Cinema] Boyhood

Ce film a été voulu par son réalisateur Richard Linklater comme une performance loin des performances habituelles des acteurs américains qui sont capables de se modifier physiquement, il s’agit ici d’une performance, un pari sur le temps. Un film tourné par intermittence sur 12 ans avec les mêmes acteurs qui, eux aussi, ont tenu le pari d’être au rendez-vous du cinéaste pendant ces douze années.

L’histoire est celle d’une famille éclatée puis recomposée. Patricia Arquette dans le rôle de la mère, une femme volontaire qui se bat pour poursuivre ses études et assurer son quotidien et celui de ses enfants, mais qui « a le don de faire des mauvais choix » sentimentaux. Ethan Hawke, le père, d’abord immature et bohème conservera un lien affectif très fort avec ses enfants, assumera avec succès une partie de leur éducation et réussira sa vie. Au début du film ils sont déjà séparés, elle a la garde des enfants et lui les voit un weekend sur deux.

Le principe est de voir les enfants grandir et les parents vieillir au fil des années, en quelque sorte filmer le temps qui passe sans qu’il se passe grand chose. Les repères chronologiques sont donnés par les transformations physiques, les vêtements, les coiffures mais aussi par la musique de l’époque, les événements politiques, les mutations technologiques (les premiers Mac, Facebook et les réseaux).

Le film est également rythmé par les déménagements de la mère et des enfants à chaque fois pour un prétendu nouveau départ, tout en restant au Texas. Nous suivons l’évolution du garçon rêveur et de la fille au caractère bien affirmé, leur vie scolaire et leurs amours d’adolescents, sur fond de « pastorale américaine » dans le Texas profond avec serment aux drapeaux, bible et armes à feu.

Même si le film, comme le titre « Boyhood » l’indique (nous aimerions d’ailleurs qu’on nous donne une idée de traduction!), se concentre sur le jeune garçon, c’est le personnage de la mère qui nous semble être au premier plan, peut être par phénomène d’identification !

C’est long (presque 3heures), pas vraiment ennuyeux pour un film qui est un anti-film, plutôt un documentaire. Les dialogues sont ceux de la vie quotidienne et il faut tout le talent des comédiens pour donner de l’épaisseur à de telles banalités.

Nous avons été intéressées par le parti pris de réalisme et de vérité mais on peut se demander si le film en lui même n’aurait pas été tout autant réussi avec un temps de tournage normal, ou alors en feuilleton TV, avec un casting soigné de différents enfants et un bon maquillage « vieillissant » pour les adultes. C’est justement ces stratagèmes que le cinéaste à refusés et c’est justement ce qui fait la spécificité de cette œuvre, Ours d’Argent au festival de Berlin, mais le spectateur y trouve-t-il vraiment son compte ? Oui c’est un film qui vaut le détour pour qui est prêt à voir ce long fleuve pas toujours tranquille.

37 Comment

      1. J’ai du mal à rester assise dans une salle trois heures d’affilée, je préfère réserver ce genre de films pour les soirées à la maison, quitte à les regarder en trois fois s’il le faut.

  1. Il a été présenté comme un film phénomène, car oui, ça n’a jamais été fait de suivre un garçon sur tant d’année, mais les critiques que j’ai déjà pu lire trouvent également que c’est trop long et que ça manque vachement d’épaisseur et de péripéties …
    Je ne suis plus trop certaine d’avoir envie de le voir finalement.

  2. Un film de 3 heures, c’est un peu long pour moi. Sinon, j’ai entendu parler de ce film qui comme vous dites tient davantage du documentaire. En revanche, j’aime bien Patricia Arquette. Hélas, je me désole car je ne sais même plus à quand remonte ma dernière séance ciné… au printemps, je crois…
    Bonne soirée à vous

    1. En effet, le film est très long…et il faut l’accepter dès le départ. Patricia Arquette est très touchante dans ce rôle, donc un argument pour vous d’aller le voir ou le regarder à la télévision ou en DVD. Bonne fin d’après-midi

  3. C’est une très bonne et j’ai bien envie de le voir. Je me demande cependant quelle est l’utilité hormis la transformation physique, car ce n’est pas un documentaire, chacun joue un rôle et donc leur transformation mentale est mise en scène. J’imagine que c’est pour ajouter du réalisme, mais encore une fois, puisque ce sont des personnages, leur personnalité est fictive. « Boyhood » signifie simplement cette période de l’enfance, pendant laquelle il est un garçon. Ça doit être intéressant aussi de les voir au fil des années, avec tous ces indicateurs qu’on remarque plus maintenant, pourtant c’est encore très récent (vieux ordinateurs…).

    1. Voilà l’autre commentaire de Une Porte Sur Deux Continents, qui est passé sous anonyme. Merci pour la signification du mot boyhood que nous avions bien compris, mais il n’existe pas de mot en français !

    2. 2ème réponse à Une porte sur deux continents : certains critiques ont parlé de film de fou ou de film OVNI, donc difficile à définir. Entre documentaire, en ce qui concerne le réel vieillissement des acteurs filmés à différentes époques de leur vie (avec leurs changements de coiffure par exemple voulus par le réalisateur ou acceptés) et vrai film puisqu’il y a plusieurs acteurs de métier. Nous avons préféré parler d’anti-film comme on dit de « L’éducation sentimentale » de Flaubert que c’est un anti-roman ou comme on a dit de Patricia Arquette que c’était une anti-star. Si d’autres cinéastes tentent la même aventure on trouvera peut-être un mot (english, of course !) pour appeler cette nouvelle relation avec le temps.

  4. J’avais écrit un long commentaire, mais il s’est effacé par mégarde…Je disais donc que je trouve l’idée bonne, mais je questionne l’intérêt hormis sur leur transformation physique puisque chacun joue un rôle. C’est pour ajouter plus de réalisme sûrement, mais encore une fois, c’est une mise en scène, ce sont des personnages et le réalisme ne peut qu’être dans leur apparence. Sinon, c’est une bonne idée de les suivre au fil des années avec les rappels du temps qui passe (les vieux ordinateurs sur la photo, etc.).

    1. C’est vrai, ça a l’air d’un documentaire, mais ce n’est pas un. Mais c’est une chronique et toutes les circonstances extérieures sont réelles. En plus, voir les personnages vieillir pour de bon, rajoute de l’authenticité. Merci pour ce commentaire qui est tout de même bien long !

      1. Oui, c’est parce que le sujet me fascine. Après avoir été une adepte du « cinéma-vérité », je le questionne aujourd’hui, mais je suis toujours admirative devant les cinéastes qui essaient d’innover. Ça fait du bien ! Belle fin de journée 🙂

        1. Il n’est pas facile d’innover, il semble parfois que tout a été dit ou réalisé en littérature ou en art mais il faut croire encore en l’acte de création même si ce qui est présenté comme contemporain donc nouveau nous laisse souvent sceptiques. D’autres cinéastes comme Truffaut par exemple ont tenté ce travail sur le temps qui passe puisqu’il a fait interpréter à Jean-Pierre Léaud le même personnage (Antoine Doinel) à des époques différentes de sa vie mais ceci dans une suite de film et non dans un même film comme ici. Bonne soirée a vous aussi 🙂

  5. Ce film m’intrigue beaucoup, j’espère avoir l’occasion de le voir ! « Boyhood » ça veut dire l’enfance d’un garçon mais plus subtilemnt c’est ce qui constitue l’essence même du fait de grandir en tant que garçon…car un garçon n’est pas élevé comme une fille !

    1. Nous avons de la chance pour la traduction et les explications dans les détails, un très bon cours! Merci au prof… 🙂

  6. Ce film n’est pas DU TOUT un documentaire… Je suis étonnée qu’on puisse le considérer comme tel.
    C’est un film magnifique sur la vie. Tout simplement. Et les 3h filent comme l’éclair.

    1. C’est l’aspect dépouillé de la mise en scène qui peut inciter à parler de documentaire. Bien qu’il n’y ait pas d’événement majeur, les 3h passent sans ennui;

  7. bonjour à vous,
    Malgré quelques réserves, vous êtes plus enthousiastes sur ce film que j’ai pu l’être en sortant de la projection lundi soir dernier… ce film m’excitait énormement depuis que j’ avais entendu parler du concept l’an passé et son ours d’argent à Berlin avait achevé de me convaincre… hélas je n’avais pas compris que le parti pris du réal était de refuser à tout prix l’épique et le spectaculaire pour faire un film aux situations les plus banales possibles… j’aime quand le cinéma transcende le réel, pas lorsqu’il se propose de le reproduire totalement, surtout lorsqu’il se targue de fiction .. bonne journée à vous et bravo pour votre une sur HC!!
    .Pour moi, la durée n’est pas un problème-dernièrement la vie d’adèle ou winter sleep prouvent qu’on peut faire de vrais chefs d’oeuvres sur 3 heures, et qu’au contraire la durée donne une vraie force au film, mais encore faut il qu’il y ait une vraie intrigue, de beaux personnages et un vrai point de vue de cinéaste, qualités qui font cruellement défaut ici…

    1. Vous nous avez appris notre place en une de HC, merci ! La durée ne nous pose pas de problème non plus, nous avions vu il y a quelques années « La meglio gioventù » (Nos meilleures années) de Marco Tullio Giordana en 2 fois 3h d’affilée. Dans l’ensemble nous sommes bon public et nous aimons tout type de cinéma à partir du moment où « la mayonnaise prend » c’est à dire quand tous les ingrédients sont réunis : réal, acteurs, photo, montage, bande sonore… Il ne suffit pas d’avoir une bonne idée, une certaine alchimie doit être réalisée. Nous avons souvent envie en effet qu’un film nous emporte dans le temps ou l’espace loin de notre quotidien, ici c’est malgré tout le cas car aux USA nous sommes loin du vieux continent.

    1. En général ceux qui l’ont vu n’ont pas eu de critique négative en ce qui concerne la longueur, les scènes et les différentes époques s’enchaînent sur un bon rythme.

  8. Boyhood, ca veut dire « enfance » en fait. Comme childhood.

    Ta chronique m’a titillé. Je pense que j’aimerais bien voir ce film, par curiosité.

    1. Nous avons eu une traduction plus affinée du terme boyhood grâce à une angliciste : Koalisa. Nous attendons avec impatience les impressions de tous ceux qui l’auront vu.

  9. J’ai du mal avec les films longs, même ceux de Visconti. Je ferai une exception pour le superbe « Dersou Ouzala » que j’avais vu il y a longtemps rue de Rennes mais avec entracte! Ou « L’amant de Lady Chatterley » qui est une très juste adaptation du livre, ode à la nature. Le thème me plait bien, j’attendrai la sortie en DVD.

    1. Il n’est pas évident de regarder un très long film, cela dépend aussi de la fatigue et du « mood »… »Dersou Ouzala, une pure merveille, même sans entracte ! Reservez-vous une soirée bien au calme pour regarder « Boyhood » en DVD cet hiver

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