Nous avons déjà visité deux fois l’Inde et l’une de nous deux y retourne ce printemps. C’est un pays complexe, fascinant et rebutant à la fois – un pays difficile à comprendre et qui ne laisse pas indifférent.
L’Inde fait partie de ces pays émergents qui ont fait un énorme bond économique ces dernières années. En même temps, il a su résister à l’occidentalisation aveugle, a su garder sa personnalité propre et ses traditions ancestrales.
Mais il faut aussi avancer, et s’adapter aux exigences d’un pays moderne. Ainsi il n’est plus acceptable pour une société qui se veut évoluée que les femmes soient discriminées. Le sexisme fait partie du quotidien pour toute femme indienne. Les filles sont mal considérées à un tel point que des avortements sélectifs, « gendercide », sont pratiqués parce que les filles coûtent cher à cause des mariages et des dots. Déjà maintenant il y a un décalage entre le nombre de femmes et des hommes, sur 1000 hommes il n’y a que 940 femmes ! La violence faite aux femmes est passée sous silence et jusqu’ici elles n’osaient pas porter plainte, même après un viol ; bien au contraire, souvent elles se sont suicidées ! Il a fallu ce viol d’une extrême brutalité envers une jeune étudiante de 23 ans, pour que les femmes osent parler, que ce pays se mobilise, avec aussi beaucoup d’hommes parmi les manifestants d’ailleurs. En serait-il de même dans notre pays pourtant démocratique ?
Nirbhaya est devenue le symbole de la lutte des femmes indiennes. Les médias et Internet entretiennent sa mémoire et le gouvernement, après n’avoir fait qu’opprimer les manifestations, sera bien obligé de parler de la situation des femmes.
« D’un côté, les femmes sont de plus en plus instruites et encouragées à travailler, dans l’hindouisme on prie devant des déesses. De l’autre côté, le monde dans lequel elles vivent, reste archaïque, chargé de préjugés. Le patriarcat est une bête féroce qui traverse encore les rues de grandes villes – et sévit autant dans les ruelles poussiéreuses des villages » – Kishwar Desai, journaliste et écrivaine indienne dans DER SPIEGEL du 7/1/13
Toujours selon Kishwar Desai : « Le seul espoir est que l’empathie générale […] aboutisse dans un mouvement fort, qui mène vers des changements. Il y aura des élections parlementaires l’année prochaine et peut-être est-ce la perspective de perdre les voix de la couche moyenne des femmes citadines qui pourrait amener le gouvernement à écouter les femmes. »
De nombreux pays autrefois sur la voie de l’occidentalisation sont retombés dans l’obscurantisme religieux et promulgue des lois archaïques contre les femmes, l’Inde en partant de ces manifestations réussira-t-elle cette évolution qui dépasse de loin le cadre économique ?
J’espère que cette histoire horrible fera enfin changer les mentalités et les lois !
Ce sera long, on ne peut changer les mentalités du jour au lendemain. Au moins c’est un début. Même chez nous, le viol et sa reconnaissance dans la société et dans la justice sont assez récentes.
Un très article, beau et important coup de gueule mesdames
Vous voyagez ensemble
Bonne soirée
Merci. La plupart du temps nous voyageons séparément. Partager un blog est déjà une telle épreuve de résistance ! 😉
Certaines de mes étudiantes ont abandonné leur projet de passer un semestre en Inde pour leurs études suite à cette histoire affreuse. J’espère que les choses vont bouger…
Qu’en sera-t-il une fois l’effet médiatique passé ? Faire changer les mentalités est déjà difficile dans nos petits pays d’Europe.
Ces terribles de naître fille dans ces pays. Quel bel article.
Oui il y a encore beaucoup de pays où naître fille est une calamité.
L’inde St. un pays très complexe et plein d’ambiguïté …. Moderne par certains aspects et archaïque par d’autres …
C’est un pays qui sera obligé de faire certaines réformes pour continuer son évolution.