Encore une séance de cinéma! Et le deuxième film sur la politique du mois.

Présenté dans la section « Un certain regard » à Cannes ce film du réalisateur belge Pierre Schoeller, produit par les frères Dardenne, nous décrit dans tous les détails quelques semaines de la vie d’un ministre des transports français incarné par l’acteur belge Olivier Gourmet.

Le spectateur suit son rude quotidien et celui de ses collaborateurs fidèles tels son directeur de cabinet et sa responsable de communication (Michel Blanc, dont on a du mal à imaginer qu’il ait pu autrefois être le Jean-Pierre Dus des « Bronzés », et Zabou Breitman).

On suit les révoltes et les compromissions d’un homme d’état entre manipulations, réunions, annonces et démentis,  dans ce monde dont on savait déjà qu’il était impitoyable.

Film percutant dans son message mais aussi dans ses images dont certaines sont à la limite du soutenable, chairs humaines sacrifiées comme le seront les fidèles serviteurs (on se passerait toutefois de certaines scènes particulièrement sanglantes !), satirique dans sa description de la comédie des déplacements en province, des négociations et des bruits de couloir. Des idées de mise en scène comme les textos qui apparaissent à l’écran en superposition.

C’est donc un film de dénonciation sur les hommes politiques français prêts à se déjuger et à se soumettre aux ordres venus d’en haut,  quitte à trahir leurs convictions et leurs amis, dans le seul but de garder le pouvoir qui est l’objet du désir. Cependant on retrouve l’empreinte du surréalisme belge (n’oublions pas que la Belgique est le pays Magritte et Delvaux) à travers des scènes oniriques comme la scène d’introduction ; elles contribuent au sentiment de malaise que procure ce film fort et dur.

Petite remarque de discussion de comptoir : si c’est si horrible que ça la vie d’un homme politique, pourquoi se bouscule-t-on autant au portillon ?