Est-ce une nouvelle façon de « revisiter » le western, de nous montrer la conquête de l’Ouest non pas à travers des scènes de batailles entre cowboys et Indiens, mais à travers la dure réalité de la vie quotidienne lors de la longue et difficile route vers la terre promise ? Il s’agit ici d’une traversée du désert, dans le vrai sens du terme donc, le quotidien de 3 couples quakers durant quelques terribles semaines : dans l’espoir d’ une vie meilleure, ils ont choisi de suivre un mythomane en costume à franges appelé Meek, qui leur promet un raccourci (le titre original est d’ailleurs « Meek’s Cut Off ») avant de déclarer forfait et de s’en remettre à l’ennemi supposé, un indien dont personne ne comprend la langue.
Le vrai héros n’est plus un homme comme dans le western classique, mais une femme (comme dans « True Grit » des frères Cohen).
C’est elle finalement qui prend tout en main, qui décide et qui tend la main à l’Indien, signe annonciateur d’une future réconciliation, d’humanité.
Les images de cette errance dans le désert sont d’une beauté époustouflante, chaque prise de vue de paysages et des personnages, est construite comme un tableau, le tout dans un rythme lent et réaliste. Pas de grands dialogues, peu d’action, des personnages à peine esquissés ; nous partageons quelques instants comme dans un documentaire.
Encensé par les critiques comme un « must » cinématographique, nous nous sommes quand même demandé si nous avions vraiment envie de voir ce genre de film épuré « jusqu’à l’os », cette succession de plans fixes ; est ce que c’est ça le cinéma ? On peut se poser cette question tout en admirant le travail réalisé par la réalisatrice Kelly Reichardt.