Comme chaque année le Printemps du livre de Cassis donne l’occasion de voir et d’écouter des auteurs de renom dans un cadre digne de la Grèce antique, c’est à dire l’amphithéâtre prêté à cette occasion par la fondation américaine Camargo, au bord de l’eau, face au Cap Canaille.
Nous sommes allées écouter Luc Ferry qui venait présenter son livre : « La révolution de l’amour ».
Dès les rires suscités par les premières remarques spirituelles on comprit que l’auditoire très nombreux était acquis à la cause de l’intervenant qui a joué la carte du ton bon enfant, probablement de mise au pays de Pagnol…
Luc Ferry a en effet déployé des talents de conteur et d’humoriste mais le philosophe est resté plus en retrait, peut-être pour s’adapter au public et au lieu, optant ouvertement pour la vulgarisation : de la longue digression-explication pédagogique sur le déclenchement de la guerre de Troie par exemple jusqu’au gossip (nombreuses piques sur BHL, Kouchner, Chirac etc…).
Quelques thèmes de réflexion intéressants ont néanmoins été développés comme le concept de « spiritualité laïque » qui avait été déjà formulé (certes sur un autre ton) par André Comte-Sponville il y a quelques années au même endroit, c’est à dire : la recherche d’une définition non religieuse de la vie bonne.
Maintenant qu’en Occident on n’accepte plus de mourir ni pour la nation ni pour la révolution, celui qui risque sa vie le fera pour des êtres humains (de préférence ses proches) et non pour des idées.
Il n’y a rien de plus sacré pour nous que les êtres que nous aimons. Le divin s’est déplacé à l’intérieur même des humains.
Tels Ulysse quittant Troie en flammes et qui n’a de cesse de se retrouver chez lui à Ithaque malgré la promesse d’immortalité que lui fait Calypso, nous allons du chaos vers l’amour en acceptant la mort. Car le sage est celui qui habite le présent et qui a vaincu la peur de la mort.
Les traditionnels intervieweurs de cette manifestation, Antoine Spire et Serge Koster, d’habitude plus prolixes, n’ont pas pu garder le crachoir, la parole étant monopolisée par Luc Ferry qui, par son ton et son argumentation assurés (notamment ses convictions gaullistes), ne laisse pas de place à la polémique.
Nous avons passé un bon moment à savourer un numéro bien au point, mais la scène étant peu ombragée par les pins parions que Luc Ferry aura gagné, en plus des applaudissements d’un public séduit, un bon coup de soleil !
Wouah, rien que pour le paysage ca donne envie!
Dommage que Luc Ferry n’ait pas été un peu plus titillé; ca aurait été intéressant de voir comment il s’en sortait.
Mais je suis décue, avec le mordant qu’on vous connait, vous n’avez pas cherché à intervenir???