Dans ce roman Elif Sharaf met en scène une famille turque vivant à Istanbul et une famille arménienne émigrée aux Etats-Unis. Leurs destins ont pour origine géographique Istanbul et pour origine historique le génocide arménien de 1915. « Les histoires de famille s’entremêlent de telle sorte que des événements survenus il y a plusieurs générations peuvent influer sur le présent ».
Ils influeront sur le présent de deux adolescentes l’une turque et l’autre américaine dans ce roman où se côtoient le réalisme le plus contemporain,le surnaturel des traditions orientales, les grandes tragédies de l’Histoire. Secrets de famille, non-dits, changements d’identité, oublis volontaires ou involontaires dans un univers « de femmes éternelles et d’hommes qui passent » , l’inspiration d’Elif Sharaf « est porteuse d’un vieux rêve aujourd’hui malmené, celui d’un Orient aux langues et aux croyances multiples, celui de cette galaxie d’étoiles resplendissantes qui avaient pour noms Alexandrie, Salonique, Smyrne, Beyrouth, Bagdad, Sarajevo et d’abord […] la sublime et millénaire Constantinople… » (Amin Maalouf – Préface).
Une autre voix d’Orient que nous avons eu le plaisir de découvrir.
Chapitre X
« Au matin du cinquième jour Armanoush s’était déjà bien adaptée à la routine de la konak Kazanci. Les jours de semaine, le petit déjeuner était disposé sur la table à six heures et y demeurait jusqu’à neuf heures trente. Le samovar bouillait en permanence et on préparait du thé frais toutes les heures. Les membres de la famille se succédaient à table, plus ou moins tôt, en fonction de leur activité ou de leur humeur. A la différence du dîner, grande cérémonie parfaitement synchronisée, ces petits déjeuners figuraient une sorte de train omnibus où s’enchaînaient montée et descente des voyageurs, chacun sa station. »
Un autre ingrédient que j’ai trouvé dans ce livre, et non des moindres : l’humour.
Pour continuer dans les conseils de lecture : je suis en train de lire, ou plutôt de dévorer, « Les cerfs-volants de Kaboul » de Khaled Hosseini. De ce même auteur, j’avais déja lu « Mille soleils splendides », que j’avais adoré.
Ces lectures aident à comprendre ce qui s’est passé et ce qui se passe en Afghanistan. Deux livres passionnants, poignants, qui font partie de ceux qui m’ont le plus marquée.
Je les conseille vivement !
Nous avons lu nous aussi « Les cerfs-volants de Kaboul » et également vu l’adaptation au cinéma. Il faut avouer que nous préférons ces romans qui racontent la vie d’hommes ou de femmes emportés par le courant de l’Histoire aux romans nombrilistes de nombreux « intellectuels » français.