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[Cinéma] Même la pluie – une rédemption ?

L’excellent  film de la réalisatrice Iciar Bollain et du scénariste attitré  de Ken Loach, Paul Laverty est l’histoire du tournage d’un film historique qui se déroule en Bolivie pour des raisons budgétaires. Le  film dans  le film raconte la révolte  des indiens  Caraïbes asservis par les conquistadores menés par Christophe Colomb et soutenus par les dominicains Antonio de Montesinos et Bartolomé de Las Casas.

Au milieu de paysages magiques, l’équipe du film va se trouver piégée dans une révolte  de notre époque et tirée de faits réels : au printemps 2000, l’eau pluviale que la population  pauvre utilisait jusque là devient la propriété d’une multinationale. Les indiens ne peuvent plus  payer l’eau et des manifestations, dont l’un des meneurs est un des personnages principaux du film, éclatent ; le tournage  va être perturbé par ces émeutes.

Les deux films se rejoignent, l’histoire se répète, 500 ans après, les indiens se retrouvent de nouveau exploités et se révoltent à nouveau pour leur survie. Et ce parallèle nous dévoile une Amérique latine de nos jours avec les descendants blancs dominants et les indiens éternellement dominés.

Il y a trois personnages-clé : Sebastien (Gael Garcia Bernal), le jeune metteur en scène engagé, passionné par son sujet, Costa (Luis Tosar)  le producteur cynique et Daniel (Juan Carlos Aduviri), l’acteur indien, une forte personnalité, un révolté. Ces trois personnages vont évoluer au cours de ces manifestations, chacun  à  sa façon et ils ne seront plus les mêmes. De même les autres acteurs vont réagir chacun à sa façon, contredisant souvent les personnages qu’ils incarnent à l’écran.

Il y a quelques scènes-clé : le coup de fil de Costa à sa boite de production parlant  avec mépris en anglais des salaires des figurants indiens devant  Daniel qui aura tout compris ; la réception au Champagne chez le maire  responsable de la privatisation de l’eau pendant que dehors la lutte s’organise, où  chacun à sa façon (humaniste ou cynique) profite de l’exploitation des indiens ; la scène que les mères indiennes, censées noyer leurs enfants en fuyant devant l’assaut des soldats espagnols, refusent de jouer tellement cela leur paraît inconcevable ; une autre révolte.

L’équipe du film, nouveaux colons blancs face aux indigènes, va petit à petit  se trouver emportée par la violence des événements. Le jeune cinéaste aux idées humanistes, qui voulait  mettre en scène la cruauté de la conquête espagnole, s’acharne à  mener à bout son projet, à tout prix, tandis que Costa, l’homme aux chiffres, obsédé par la rentabilité, va finalement trouver un autre sens, une autre priorité dans sa vie et aider Daniel et sa famille au risque de sa propre vie. Les deux  se quitteront en véritables amis, liés par un profond respect mutuel.

« Changer le monde commence par changer soi-même » est la phrase sur l’affiche qui donne la quintessence du film.

Nous savons que c’est l’eau qui sera l’enjeu des futures guerres. C’est donc un film d’actualité, mais en même temps un  film historique, un film dramatique et un film humain. Il pose la question de l’indécence des moyens financiers  engagés par le cinéma par rapport à la misère des habitants du pays dans lequel certains films sont tournés. Ce problème a été évident lors du tournage  en Inde et après la diffusion de « Slumdog Millionaire ».

A voir, vraiment…

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