Veuf inconsolable, Alessandro vit avec sa fille de 15 ans et son frère, anarchiste italien viscéralement antiberlusconien, à Strasbourg.

Tous les ingrédients de la bonne comédie sont au rendez-vous du dernier film de Philippe Claudel.

Beau décor : le quartier de la Petite France, ses canaux et ses maisons à colombage. Plus branché, l’appartement bohème où le portrait de Berlusconi sert de cible au jeu de fléchettes.

Métiers artistiques : le héros est professeur de musique baroque, son frère peintre.

La bande de copains amateurs de vin qui se réunit le week-end à la campagne dans une ferme délabrée.

La petite ado qui, selon la formule consacrée, « vit ses premiers émois amoureux ».

Le tout saupoudré de moments de pathos lorsque le héros va faire la lecture à des malades hospitalisés.

Ce qui sauve le tout, c’est l’humour. Le film est dominé par le talentueux duo d’acteurs italiens : Stefano Accorsi et Neri Marcore. Stefano Accorsi dont on savait déjà qu’il excellait dans tous les registres (« Un dernier baiser », « Capitaines d’Avril », « Romanzo criminale »). Neri Marcore, véritable ressort comique du film, interprète le frère qui vit en reclus dans l’appartement où il assure les tâches  ménagères, refusant de s’habiller et de parler italien depuis la première élection de Berlusconi ; les situations cocasses s’accumulent : de sa demande de statut de réfugié politique ayant fui la dictature d’un érotomane à l’endoctrinement de la factrice qui va commettre un acte « révolutionnaire », en passant par la destruction de billets de banque qu’un admirateur suisse lui a envoyés pour acheter ses croûtes (natures mortes représentant invariablement une pomme et un portable).

L’inévitable histoire d’amour intervient judicieusement vers le dernier quart du film ce qui nous évite de supporter trop longtemps les larmoiements et les airs de chien battu de C.Courau !

N’oublions pas la très agréable bande originale interprétée par l’Arpeggiata, l’ensemble instrumental et vocal de Christina Pluhar.

En somme malgré quelques clichés et des facilités (dont la scène finale !), un bon moment de bonne humeur à ne pas bouder en ces temps perturbés…